Ce mois-ci, pour clore la mini-série consacrée au Burnout, ACTUASCAN vous propose d’examiner avec Michel MULLER, Conseiller en Prévention- Médecin du Travail et conseiller scientifique chez Cohezio, comment traiter le Burnout, et dans quelles conditions envisager une reprise du travail après une telle épreuve.

Dr Muller, pour être efficace, le traitement d’un Burnout doit-il être uniforme, ou vaut-il mieux combiner différentes approches et dimensions ?

Lorsque le burnout est constitué, son traitement doit faire l’objet d’une approche individualisée et multidisciplinaire, pour permettre au travailleur de reprendre un travail. Cette approche individualisée sera d’autant mieux orientée et efficace si une évaluation préalable approfondie est réalisée.


Quelles sont les différentes dimensions thérapeutiques à prendre en compte ?

Premier aspect de la prise en charge, le repos doit avoir un effet thérapeutique en permettant à l’individu de récupérer de sa fatigue et de se déconnecter du travail et des aspects qui ont permis la survenue du burnout. Celui-ci doit être suffisamment long pour permettre de récupérer totalement et éviter une rechute précoce. Un retour prématuré, même à temps partiel, ou le fait de se rendre au travail en dépit de la maladie, sont des comportements à risques qui pourraient conduire à une rechute.

Un accompagnement médical et si besoin, médicamenteux (antidépresseurs) peut être important en agissant sur les troubles du sommeil et les symptômes dépressifs, mais il ne doit pas être utilisé seul.

Un suivi de type coaching ou thérapeutique, une participation à un groupe thérapeutique ou d’entraide peuvent aussi aider à la reconstruction du patient. Les thérapies de type cognitivo-comportemental ont montré une efficacité dans la prise en charge du burnout. Ces méthodes visent à aider la personne à analyser les causes de son burnout dans les conditions de travail auxquelles elle est confrontée et dans ses réactions face à celles-ci. Elle pourra alors effectuer un travail personnel pour mieux réagir face à ces situations de travail. Par exemple, être plus à l’écoute des signaux que lui envoie son corps ou son esprit et y réagir en conséquence, ou encore par l’apprentissage de la relaxation ou tout autre comportement qui s’avère efficace.

Participer à des formations peut aussi être conseillé. Ces formations peuvent être individuelles ou en groupe. Mais elles doivent être centrées sur les perceptions que les personnes en souffrance ont de leur travail et sur les moyens d’y remédier, que ce soit au niveau personnel, ou au niveau du collectif de travail. De tels groupes de « recherche-action » ont montré leur efficacité chez certaines catégories  professionnelles. Les approches participatives semblent prometteuses pour améliorer la situation des personnes en burnout.


Quel est l’objectif central du traitement multidisciplinaire ?

Bien entendu, que la personne puisse récupérer un état de santé optimal et reprendre un travail.


Une réintégration au travail est-elle possible ? Si oui, dans quelles conditions ?

La réintégration est bien sûr possible, mais moyennant plusieurs conditions. D’abord le suivi d’un traitement efficace et multidisciplinaire pour aider la personne en souffrance à s’en sortir. Celui-ci peut durer plusieurs semaines ou mois et il faut prendre le temps de le mener correctement.  Parallèlement au travail sur soi par le travailleur, il faut aussi mener une réflexion sur la reprise du travail, qui doit pouvoir être progressive et adaptée. Progressive en autorisant un temps partiel thérapeutique (souvent appelé mi-temps médical). Adaptée, par une réflexion de la ligne hiérarchique et du service RH sur les conditions de travail ayant mené à cette situation, réflexion qui permettra de modifier ou d’adapter ces paramètres. Revenir au travail dans un environnement non adapté augmente le risque de rechute même si la personne a fait un travail sur elle-même important !


Source : Actuascan, janvier 2015, n°1