La maladie du mineur (silicose) fait-elle son retour ?
Publication 03 mars 2020

La maladie du mineur (silicose) fait-elle son retour ?

La silicose ou maladie du mineur risque en effet de faire son retour. En cause : la poussière de quartz. L’inhalation prolongée ou l’inhalation de grandes quantités de poussières de quartz peut provoquer des dommages (tissu cicatriciel) au niveau des poumons. Cette maladie est appelée la pneumoconiose. La pneumoconiose occasionnée par la poussière de quartz porte le nom de silicose.


Pourquoi la pneumoconiose (silicose) est-elle actuellement en progression ?

Encore une fois, le même agent est à mettre en cause : la poussière de quartz, associée aux matériaux composites. La poussière de quartz est en effet libérée en grandes quantités lors du travail de matériaux composites. Ces 10 à 15 dernières années, ces matériaux composites sont à nouveau de plus en plus utilisés dans les plans de travail des cuisines et salles de bain. Il faut savoir que les matériaux composites sont composés jusqu’à 95% de quartz. Il va sans dire que lorsqu’on les travaille (meulage, sciage, forage, fraisage, …), on risque d’inhaler de grandes quantités de poussières. Le port de masques anti-poussière constitue une première étape mais n’offre généralement pas une protection suffisante…

Le quartz (la forme la plus courante de silicium cristallin (= dioxyde de silicium)) se retrouve non seulement dans les matériaux composites, mais également dans la pierre naturelle, le granit, … Les concentrations y sont toutefois généralement plus faibles. Lorsqu’on travaille ces matériaux, les concentrations sont donc souvent plus faibles, et les conséquences se manifestent dès lors souvent plus tardivement. Mais en la matière, la prévention et l’analyse des risques ont aussi leur importance !

Quelle est l’importance de la menace ?

En ce qui concerne les mines, l’ombre de la maladie du mineur plane toujours. Des dizaines d’années après la fermeture des mines, Fedris reconnaît en effet toujours quelques cas en tant que maladie professionnelle.

La progression de la silicose d’autres métiers est manifeste dans plusieurs pays (entre autres, en Australie). Des mini-épidémies y sont en effet apparues parmi les ouvriers travaillant des matériaux composites. La silicose ne touche donc plus uniquement les mineurs, mais aussi les ouvriers de l’industrie des meubles de cuisine et de salle de bain, et de la décoration d’intérieur.

Les dommages sont irréversibles et peuvent empirer, même en cas d’arrêt de l’exposition…

… Une détection précoce est donc essentielle… !

… étant donné que la silicose pourrait être évitée chez les personnes exerçant des métiers qui, à première vue, ne font pas penser au risque de silicose. En outre, à un stade précoce, la maladie n’est généralement pas reconnue, ou les symptômes sont attribués à d’autres causes. Nos médecins et infirmiers y accorderont bien entendu une attention particulière durant la surveillance de santé périodique.

Un dépistage précoce et actif de la silicose est nécessaire. Dans certaines entreprises utilisant la pierre composite, des pneumologues australiens ont en effet récemment observé les premiers signes de la silicose chez un travailleur examiné sur trois. Beaucoup d’entre eux ne présentaient même pas encore de symptômes…

Que dit la législation sur la poussière de quartz ?

La Directive européenne est entrée en vigueur depuis le 17/01/2020. Les employeurs sont tenus d’analyser le risque encouru par les travailleurs exposés à la poussière de quartz. L’exposition doit être réduite au maximum. Comme nous l’avons dit précédemment, le port de masques anti-poussière ne suffit généralement pas. En pratique et si cela est techniquement possible, il faudra toujours aspirer la poussière ou ajouter de l’eau pendant les activités de meulage, forage, sciage et fraisage de matériaux composites, d’autres matériaux pierreux, et de carrelages présentant des concentrations élevées en poussière de quartz.

Dr Mathieu Versée
Directeur scientifique de Cohezio

Références

 

Publié dans Actuascan, mars 2020, n°2.