Le prédiabète : mieux vaut le dépister à temps !
Publication 23 mai 2016

Le prédiabète : mieux vaut le dépister à temps !

Dans un précédent article, nous exposions les dangers du diabète de type 2. Cette édition s’attache à développer un autre grand danger : le prédiabète, ou stade préliminaire du diabète.

 

En plus des personnes atteintes du diabète, 6,5% de la population adulte se trouvent dans la ‘zone grise’, caractérisée par un processus de transformation du glucose visiblement perturbé et un taux de sucre dans le sang légèrement trop élevé (glycémie > 100-110 à jeun) mais pas aussi élevé qu’en cas de diabète (glycémie > 126 à jeun). C’est ce que l’on appelle une tolérance au glucose altérée ou ‘prédiabète’. Ce groupe de personnes court un risque important de développer un diabète de type 2 à relativement court terme. Aux États-Unis, on estime que 50 (voire) 80% des classes socio-économiques les plus faibles souffrent de prédiabète ! Cette situation est une véritable bombe à retardement. Le prédiabète est aussi très silencieux et ne se manifeste par aucun symptôme. Mais alors, où est le problème diront certains ? Pourquoi intervenir alors qu’il n’y a pas de symptômes ?

Le prédiabète est néfaste pour la santé

Le problème se situe à trois niveaux :

  • Premièrement, si l’on n’intervient pas, le prédiabète conduit dans presque tous les cas au diabète. Chaque année, 5 à 10% des personnes souffrant de prédiabète développent la véritable forme du diabète. Pour rappel, le diabète provoque une atteinte des vaisseaux sanguins (risque accru d’infarctus, d’AVC, …), une atteinte des nerfs et des yeux, et s’accompagne de troubles de différentes natures tels que des problèmes de tension, un ralentissement de la vidange gastrique, de la constipation ou de la diarrhée, des problèmes de vidange de la vessie, des problèmes d’érection chez l’homme et de sécheresse vaginale ou de perte de sensibilité chez la femme.
  • Avant que le diabète ne s’installe, le prédiabète provoque déjà un risque accru de souffrir de maladies cardio-vasculaires. En cas de prédiabète, il y a en effet un risque environ 1,5 fois plus élevé d’être victime de maladies cardio-vasculaires telles que l’infarctus du myocarde, la thrombose cérébrale, etc.
  • Troisièmement, le prédiabète implique un risque accru de développer un cancer. Différents mécanismes liés au prédiabète et que nous n’aborderons pas ici, augmentent en effet d’environ 15% le risque de souffrir de différentes formes de cancers, dont principalement les cancers du système digestif et les cancers du sein.

Par ailleurs, le prédiabète est également associé au surpoids, à l’obésité et à toutes les conséquences qui s’ensuivent.

Le dépistage du prédiabète est donc primordial. Les patients sont encore trop souvent sous-informés en cas de valeurs glycémiques légèrement anormales. De nombreux patients ne sont informés que lorsque la véritable forme du diabète s’est déjà installée, ou quand il est quasi trop tard pour améliorer la situation. Les patients devraient déjà recevoir des informations détaillées et être avertis en cas de valeurs légèrement trop élevées.

Que faire si vous souffrez de prédiabète ?

Vous êtes en bonne voie de développer le diabète. Vous devez absolument adapter votre mode de vie !

  • L’exercice physique : 30 minutes d’exercice physique par jour font baisser de 30% le risque de contracter le diabète de type 2. Le sport ou l’activité physique intensive sont certes bénéfiques à la santé du corps et de l’esprit mais ne sont pas toujours accessibles à tout un chacun. Il faut essayer de bouger pendant au moins 30 minutes (réparties sur la journée, avec un minimum de 10 minutes ininterrompues), à une intensité modérée (pratiquer des activités élevant la vitesse et l’intensité de respiration, comme le vélo, la marche rapide, la natation, …) et à raison de 5 jours par semaine. Voici quelques idées simples pour introduire une activité physique suffisante dans son quotidien : prendre les escaliers au lieu de l’ascenseur, s’arrêter un arrêt de bus avant ou après son arrêt habituel, garer sa voiture à une certaine distance, aller faire les courses à pied, mettre sa bouteille d’eau au frigo à l’étage au lieu de la déposer sur son bureau, … Faire 10 000 pas par jour s’accompagne de bienfaits manifestes pour la santé. Si vous n’avez pas l’habitude de bouger, sachez que chaque pas compte pour prévenir le diabète ! On peut ainsi déjà voir son risque de diabète fortement diminuer en augmentant son nombre actuel de pas de 2 500 à 3 000 pas par jour. L’activité physique agit mieux que n’importe quel médicament !
     
  • Diminuer le nombre de moments passés en position assise permet d’obtenir une diminution supplémentaire du risque de diabète de 10%. Si toute forme d’activité physique supplémentaire s’accompagne de bienfaits supplémentaires pour la santé, les petits changements contribuent aussi à réduire le risque de diabète. Évitez ainsi la station assise prolongée à la maison ou au travail en prenant régulièrement des pauses pour bouger : aller aux toilettes à un autre étage, téléphoner en marchant, fractionner le temps passé assis devant l’ordinateur, …
     
  • Manger sain et varié. Vous pouvez par exemple appliquer les principes de la pyramide alimentaire active. Pour maintenir son risque de diabète au niveau le plus bas possible, il est particulièrement important d’avoir un apport suffisant en fibres, de limiter ses apports en graisses (saturées) et en sucres rapides, ainsi que sa prise totale de calories.
     
  • En cas de surpoids, perdre 5% de son poids corporel permet de diminuer son risque de diabète de 30% ! Les premiers kilos perdus sont les plus importants. Évitez également la consommation trop importante de sucres libres, consultez "Combien de sucre mangez-vous chaque jour ? Faites le test du sucre !".
     
  • Arrêter de fumer. Le tabagisme augmente en effet de 50% le risque de contracter le diabète de type 2.
     

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Présentez-vous un risque de diabète de type 2 ?

L’obésité et le manque d’activité physique semblent être les grands coupables. En présence d’un ou plusieurs des facteurs de risques suivants, il y a un risque accru de développer un prédiabète et in fine un diabète de type 2 :

  • une glycémie élevée, par exemple pendant la grossesse (diabète de grossesse) ou en cas de prédiabète (découvert par exemple lors d’une hospitalisation) ;
  • le surpoids ou l’obésité : un poids corporel trop élevé représente un risque important de développer le diabète, plus particulièrement en cas de surcharge pondérale abdominale ;
  • un manque d’exercice physique ;
  • une alimentation déséquilibrée : évitez l’excès de sucres rapides ;
  • l’âge : le risque de diabète de type 2 augmente dès l’âge de 45 ans ;
  • les prédispositions héréditaires : le risque est accru en cas de diagnostic de diabète tant au premier qu’au second degré (grands-parents, oncles/tantes, cousins/cousines) ;
  • une tension artérielle élevée ;
  • le tabac : le tabagisme augmente de 50% le risque de contracter le diabète de type 2. Une raison de plus d’arrêter de fumer.

Dr Mathieu VERSEE,
Conseiller scientifique et Conseiller en prévention - Médecin du travail

Source : Actuascan, mai 2016, n°4