Protéger sa peau au travail : comprendre et prévenir les risques liés aux UV

Le cancer de la peau est aujourd’hui la forme de cancer la plus courante en Belgique et dans le monde. L’une des principales causes de cette maladie est l’exposition excessive aux rayonnements ultraviolets (UV), principalement émis par le soleil. Ce risque est particulièrement élevé pour les travailleurs en extérieur, notamment dans des secteurs comme la construction, l’agriculture, les transports et la sécurité. 

vakantie-flexmail

Selon une enquête menée en 2023 par l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA), les rayonnements UV constituent l’agent cancérigène professionnel le plus répandu en Europe, avec près de 20,8 % des travailleurs exposés. Pourtant, la sensibilisation et les mesures de prévention restent insuffisantes, entraînant une augmentation continue du nombre de cancers de la peau. 

Les employeurs ont donc un rôle clé à jouer dans la protection de leurs travailleurs. En mettant en place des mesures adaptées, ils peuvent considérablement réduire les risques liés aux UV et améliorer la sécurité et le bien-être de leurs équipes. Voici les principales actions à entreprendre. 

Depuis début 2024 (17/02/2024), certaines lésions de la peau (kératoses actiniques et carcinomes spinocellulaires) figurent sur la liste des maladies professionnelles chez Fedris.

Les rayonnements UV artificiels provoquées par les travaux de soudage intenses et prolongés sans protection adéquate) peuvent occasionner le mélanome intraoculaire, maladie professionnelle officiellement inscrite dans la liste de Fedris depuis  19/08/2022.

Listes des maladies | Fedris

Évaluer les risques liés aux rayonnements UV

Avant toute chose, il est essentiel d’identifier et d’analyser les risques d’exposition aux UV pour les travailleurs. Plusieurs facteurs doivent être pris en compte : 

 

  • L’intensité de l’exposition varie au cours de la journée. Les périodes de forte intensité solaire, généralement entre 12h et 15h, présentent un danger accru pour la peau. 
  • La durée de l’exposition quotidienne est un facteur déterminant : plus un employé passe de temps en extérieur, plus son risque d’être affecté par les UV augmente. 
  • Les conditions environnementales influencent également l’exposition. Les surfaces réfléchissantes comme l’eau, le métal, le béton ou la neige amplifient les effets des UV, exposant encore davantage les travailleurs. 
  • Le manque de protections existantes peut aggraver la situation. L’absence d’ombre, le non-port de vêtements adaptés (casque, casquette, …), EPI (lunettes de soleil, casque de soudage, …) ou la négligence dans l’application de crème solaire augmentent considérablement les risques. 

 

Les employeurs ont l’obligation générale de protéger leurs travailleurs contre tous les dangers présents sur le lieu de travail, y compris l’exposition aux UV solaire. Ce risque est inscrit dans le Code BET surtout dans le Livre V Titre 1 Ambiances Thermiques). Le risque de rayonnement UV d’origine artificielle est surtout inscrit dans le Code BET Livre V Titre 6 (rayonnements optiques artificiels). Une fois les risques identifiés, il est crucial de mettre en place des actions concrètes pour protéger efficacement les employés. 

Sensibiliser et former les travailleurs aux dangers des UV

L’un des principaux obstacles à la prévention du cancer de la peau est le manque de sensibilisation aux dangers des UV. Contrairement aux risques immédiats tels que les chutes ou les accidents de travail, les effets de l’exposition aux UV apparaissent souvent à long terme, ce qui entraîne un relâchement des comportements de prévention.

 

Pour y remédier, il est indispensable d’organiser des campagnes de formation et de sensibilisation portant sur plusieurs aspects : 

Réduire l’exposition en adaptant les horaires de travail

L’intensité des rayons UV étant plus forte entre 12h et 15h, il est recommandé d’aménager les horaires de travail pour minimiser l’exposition des employés durant cette période. Les employeurs peuvent prendre plusieurs mesures :

 

  • Lorsque cela est possible, il est préférable d’organiser les tâches extérieures tôt le matin ou en fin d’après-midi, lorsque le soleil est moins agressif. 
  • Il est également conseillé de prévoir des pauses régulières à l’ombre afin de limiter l’exposition continue au soleil.

Une meilleure organisation des horaires contribue non seulement à réduire les risques liés aux UV, mais diminue aussi les risques dus à la chaleur et améliore aussi le confort et la productivité des travailleurs.

 

L’employeur doit également s’assurer que ces équipements sont bien portés et sensibiliser les travailleurs à leur importance.

Encourager l’utilisation de la crème solaire

La crème solaire est souvent sous-estimée par les travailleurs, qui pensent qu’une seule application suffit pour toute la journée. Or, pour être efficace, elle doit être réappliquée toutes les deux heures et après une transpiration excessive.

 

Les employeurs peuvent encourager son utilisation en : 

  • Mettant à disposition des crèmes solaires à indice de protection élevé (SPF 30 minimum) gratuitement. 
  • Installant des distributeurs de crème solaire à des endroits stratégiques, comme les vestiaires, les cantines ou les zones de travail. 
  • Intégrant l’application de crème solaire dans les habitudes de travail, en la considérant aussi essentielle que le port des EPI. 

Aménager des espaces ombragés sur les lieux de travail extérieurs

L’exposition aux UV peut être considérablement réduite en mettant à disposition des zones ombragées où les travailleurs peuvent se protéger du soleil pendant leurs pauses. Cela peut se faire par : 

 

  • L’installation de tentes, parasols ou abris fixes pour protéger les travailleurs du rayonnement direct.
  • La mise en place de filets d’ombrage sur les postes de travail extérieurs. 
  • Aux sièges administratifs : la plantation d’arbres ou l’utilisation de structures végétalisées pour créer de l’ombre naturelle. 

Conclusion

La prévention du cancer de la peau lié aux UV est une responsabilité partagée entre employeurs et travailleurs. Une évaluation rigoureuse des risques, des campagnes de sensibilisation efficaces et des mesures de protection adaptées permettent de réduire considérablement l’exposition aux UV et de préserver la santé des employés.

 

En adoptant ces bonnes pratiques, les employeurs ne se contentent pas de respecter leurs obligations légales, mais participent activement à la sécurité et au bien-être de leurs travailleurs. Protéger ses employés contre les effets nocifs du soleil, c’est aussi investir dans leur santé et leur avenir.