Le cytomégalovirus et la protection de la maternité
Publication 24 mars 2016

Le cytomégalovirus et la protection de la maternité

Le conseil supérieur de la santé, dans son avis de novembre 2015 relatif à la problématique de l’infection congénitale à cytomégalovirus (CMV), insiste très fortement sur les mesures préventives d’hygiène qui doivent concerner toutes les femmes enceintes dans leur vie privée comme dans leur vie professionnelle. Il rappelle également les populations professionnelles à risque qu’il convient d’écarter du travail en cas de grossesse, à savoir essentiellement le secteur des soins administrés aux enfants en bas-âge (de 1 à 6 ans).

Ce qu'il faut savoir du virus

Le cytomégalovirus (CMV) appartient à la même famille de virus (Herpesviridae) que ceux de l’herpès, de la mononucléose et de la varicelle.                   
Une des caractéristiques de ces virus est leur persistance sous forme dormante après un premier contact appelé primo-infection. Un épisode de réactivation (réapparition transitoire du virus) est donc possible et peut survenir pendant toute la vie.  Si l’infection est en général bénigne, voire inaperçue chez l’individu en bonne santé, elle peut avoir des conséquences graves chez le sujet immunodéprimé et chez la femme enceinte de par ses répercussions sur le fœtus.                              

Transmission de l’infection

La transmission de l’infection à CMV est exclusivement interhumaine et nécessite un contact étroit et prolongé avec la personne contagieuse.                                                   
Les personnes infectées excrètent le virus dans la salive, les sécrétions nasales et respiratoires, les urines, les sécrétions vaginales, le sperme, le lait maternel.
L’enfant en bas-âge (de 1 à 6 ans) constitue le réservoir principal du virus.                                                                                                                                                                  
La contamination survient par l’intermédiaire de gouttelettes de sécrétion oro-pharyngées ou par contact des muqueuses avec des mains souillées par des  liquides biologiques infectés.                                                                                                                                                                              

Risques de l’infection à CMV

  • Chez le sujet sain
    Il n’y a aucun symptôme ou parfois un état grippal durant deux à trois semaines.    
     
  • Chez le sujet immunodéprimé
    L’atteinte est grave et peut concerner plusieurs organes.   
     
  • Chez la femme enceinte
    Une première infection peut passer inaperçue ou parfois donner un syndrome grippal chez la mère.
    Pour le foetus, le risque st le plus important ou cours de la première moitié de la grossesse où peut survenir :
    • la mort fœtale ;                                                                                              
    • une atteinte de divers organes (système nerveux, œil, foie, poumons, système hématologique, surdité).                                                            
      Le risque de transmission de la mère au fœtus est d'environ 40% à la suite d'une primo-infection et de l’ordre de 1% s'il s'agit d'une réactivation.
       
  • Chez la femme allaitante
    L’infection par le biais de l’allaitement maternel est le plus souvent sans risque pour l’enfant en bonne santé, né à terme. En revanche, l’infection peut être sévère chez l’enfant prématuré, de faible poids de naissance ou immunodéprimé.

Prévention de l’infection congénitale à CMV

  • Pour toutes les femmes enceintes (ou qui pourraient l’être)

Lors de contacts avec des enfants de moins de 6 ans :

  • Se laver les mains à l’eau et au savon durant 15 à 20 secondes (ou les désinfecter avec une solution hydro-alcoolique) après toute activité à risque comme changer les couches , donner à manger, laver, moucher, manipuler les jouets.
  • Ne pas partager ses couverts ni manger son repas.
  • Ne pas utiliser sa brosse à dents ni ses essuie-mains ou gants de toilette.
  • Ne pas mettre sa tétine en bouche.                                      
  • Eviter tout contact avec la salive enl’embrassant.
  • Nettoyer les jouets et aures surfaces en contact avec la salive et/ou l'urine

                                    (Recommandations du Center for Disease Control and Prevention)

  • Pour les femmes enceintes en activité professionnelle

L’Arrêté Royal du 2 mai 1995 relatif à la protection de la maternité précise notamment qu’il est interdit de faire exécuter par la femme enceinte des activités à risque d’exposition au CMV.                                                                                                                        
Cela concerne principalement les activités de soins des enfants en bas-âge (de 1 à 6 ans). L’écartement du travail est donc indispensable pour le personnel des crèches et des services de garderies d’enfants. Il peut également se justifier pour le personnel de l’enseignement maternel, car les mesures optimales d’hygiène ne peuvent toujours y être prises.                                                                                                                                           
En milieu hospitalier, dans les services de pédiatrie, néonatalogie ou de soins aux immunodéprimés, les mesures d’isolement et le respect des consignes d’hygiène hospitalière permettent de prévenir le risque ; il en est de même dans les services d’aide aux personnes handicapées. Toutes ces situations doivent néanmoins faire l’objet d’une évaluation précise par le médecin du travail, l’infection congénitale à CMV n’y représentant pas le seul risque professionnel.

Quand la décision est prise d’écarter la femme enceinte de son travail celle-ci doit être informée que des risques analogues peuvent exister dans sa sphère privée et  qu’il convient dès lors d’y appliquer également les mesures de prévention requises.

  • Pour la femme allaitante

Les  mesures préventives générales sont les mêmes que pendant la grossesse.
L'écartement du milieu professionnel à risque est formellement indiqué pour la femme allaitante non immunisée si son enfant est fragilisé par une prématurité, un petit poids de naissance ou toute autre affection susceptible de diminuer son immunité.

Dr Cécile SURLERAUX
Conseiller en prévention - Médecin du travail

Source : Actuascan, mars 2016, n°2