Nutri-score : Info ou Intox ?
Publication 25 août 2022

Nutri-score : Info ou Intox ?

Des frites surgelées avec un score A et de l’huile d’olive avec un score D… le Nutri-score nous aide-t-il correctement dans le choix de nos produits en magasin ? A quoi correspond-il vraiment ? Peut-on s’y fier et comment ? Nous allons tenter de répondre à ces questions dans cet article !
 

Tout d’abord, le Nutri-score, c’est quoi ?

Il s’agit d’un logo basé sur une échelle de 5 notes, représentées par des lettres et des couleurs, qui donne une image de la qualité nutritionnelle d’un aliment, une sorte de bilan des composants favorables et défavorables de cet aliment.  

Les composants défavorables sont les graisses saturées¹, le sucre, la valeur calorique et le sel. Pour les composantes favorables, on retrouve les fibres, les protéines, la composition en fruits et légumes, la présence de légumineuses, de fruits à coque ou de bonnes huiles (colza, noix, olive).

Il est calculé pour 100g et non par portion.

Il y a ensuite un calcul de points, bonus et malus, en fonction de la composition du produit.
 

A quoi sert le Nutri-score ?

Attention ! Le but du Nutri-score n’est pas de dire si un aliment est sain ou malsain mais bien d’être un traducteur de certaines informations nutritionnelles et un indicateur de comparaison.

Le Nutri-score sert à comparer un même type de produit, dans un même rayon, pour le même usage afin de faire un meilleur choix.
 

Quelles sont les limites du Nutri-score ?

Le Nutri-score est loin d’être parfait et est parfois décrié dans la littérature scientifique. Voici quelques raisons qui expliquent les limites de cet outil :

  • Il ne prend pas en compte la transformation des aliments, la teneur en acides gras trans² et la présence d’additifs ;
  • Il ne valorise pas la teneur en vitamines et minéraux ;
  • Il est assez réducteur. Certains composants méritent plus de subtilités :
    • Si la quantité de sucre est comptabilisée, il serait plus intéressant de s’intéresser à l’index glycémique³ de l’aliment
    • Il met peu en valeur les aspects qualitatifs des matières grasses
    • Il met l’accent sur les protéines, dont on ne manque généralement pas
  • Il ne concerne pas tous les aliments, notamment l’alcool, le café, le thé, les produits non transformés et les herbes aromatiques ;
  • D’un point de vue marketing, notons aussi que le Nutri-score n’est pas obligatoire et que les marques peuvent choisir de l’adopter uniquement pour les produits avec une note favorable.

Parfois, il existe carrément certains paradoxes. C’est le cas notamment des frites surgelées qui obtiennent un score de A ou B. En effet, le Nutri-score ne tient pas compte des modes de cuisson de ces aliments. Or, les frites gagnent beaucoup en graisses lors du passage en friteuse ! Mais, dans la plupart des cas, le Nutri-score peut rester utile. Prenons l’exemple du saumon frais qui obtient un score A, alors que le saumon fumé un score D. En effet, ce dernier est très riche en sel.
 

Comment utiliser le Nutri-score lors de mes courses ?

  1. D’abord, ne prenez pas le Nutri-score comme guide absolu mais bien comme un outil de comparaison. Si vous êtes face à deux produits de la même catégorie, le Nutri-score peut vous aider à faire un choix. Inutile donc de comparer le Nutri-score du Coca zéro et de l’huile d’olive !
     
  2. Jetez un œil sur votre meilleure alliée : la liste des ingrédients. Si elle est plus longue que 5 ingrédients ou que vous ne connaissez pas la moitié des ingrédients indiqués, il y a des chances que vous soyez face à un aliment transformé et plein d’additifs.
     
  3. Allez toujours vers les produits les plus simples possibles, comme des produits frais ou des aliments que vous allez cuisiner vous-même.
     

En résumé, ce score nutritionnel n’est pas considéré comme le meilleur système d’étiquetage mais c’est un moyen, comme un autre, de donner une information nutritionnelle. Rappelez-vous de ses limites : il ne tient pas compte de la transformation des aliments, de la teneur en acides gras trans, de la présence d’additifs et il ne valorise pas la teneur en vitamines et minéraux. Utilisez-le à bon escient, tout en gardant votre esprit critique.  
 

Astrid Bovesse,
Diététicienne chez Experconsult

 

¹Graisses saturées : catégorie de graisses qui sont corrélées à l’augmentation de cholestérol sanguin et, donc, à l’augmentation des risques cardiovasculaires.
²Acides gras trans : catégorie de graisses qui sont créées lors de la transformation des aliments en industrie. Elles augmentent le cholestérol sanguin et, donc, les risques cardiovasculaires.
³Index glycémique : capacité d’un aliment à faire monter la glycémie, c’est-à-dire le taux de sucre dans le sang. De hauts niveaux de glycémie peuvent entrainer, à termes, une résistance à l’insuline et des problèmes de santé, comme le diabète de type 2.