Préserver sa santé mentale pour protéger son immunité
Publication 09 décembre 2020

Préserver sa santé mentale pour protéger son immunité

Depuis des mois, chaque jour, on nous parle de la Covid-19. Ce virus focalise toutes les attentions, celles des médias, des politiciens, de nos collègues, de nos familles, et envahit nos vies. Et si nous parlions, un moment, de notre santé, au lieu de nous centrer sur la maladie ? La santé ne se limite pas à ne pas être contaminé par la Covid-19 (ni par toute autre maladie ou infirmité), mais se définit comme un état de complet bien-être physique, mental et social1.
 

Posons-nous à présent les questions liées à cet état de santé. Quel est l’impact des mesures prises sur notre santé à tous  pour lutter contre cette maladie ? Comment peut-on préserver justement notre santé – et donc notre immunité - au niveau individuel et au niveau des entreprises ?
 

La santé physique 

Dans 80 % des cas d’infection par la Covid-19, l’impact sur la santé est bénin2. Il est inexistant pour les personnes dites « asymptomatiques » qui représentent 75% des personnes ayant été testées positivement3. Le risque de développer une infection grave augmente par contre considérablement avec l'âge et avec les affections telles que les maladies cardiaques, pulmonaires ou rénales graves, le diabète, l'immunosuppression ou une maladie maligne active (cancer par exemple)4.Ce virus n’atteint donc pas tout le monde de la même manière, mais la crise, et les mesures pour contrer celle-ci (dont le confinement), a provoqué une perte d’activité physique pour 35% des Belges âgés de plus de 18 ans, des troubles du sommeil pour une majorité de la population (72 %) ainsi que des troubles alimentaires pour certains5. Or, il s’agit là des 3 piliers de la santé physique.
 

La santé mentale

Le principal impact psychologique de cette pandémie est un taux élevé de stress et d’anxiété. Cela provient non seulement de la peur de la maladie ou de la mort (pour nous-mêmes ou pour nos proches), mais également suite aux mesures prises comme le confinement et les restrictions qui ont impacté nos activités, nos habitudes et les moyens de subsistance de nombreuses personnes. On constate une solitude plus grande, une augmentation des dépressions, de la consommation d’alcool ou de drogues, et des comportements agressifs ou suicidaires6. Le stress affaiblit notre système immunitaire. Il provoque également à la longue une fatigue générale7. L’impact sur la santé mentale est donc considérable.
 

La santé sociale

La crise du coronavirus a eu un impact négatif sur la vie sociale de la grande majorité d’entre nous (78%)8. Le fait de ne plus avoir de contact rapproché, de considérer à présent l’autre comme un potentiel danger, de ne plus voir que des moitiés de visage, laissera des traces dans nos relations. Les lieux de convivialité, les rassemblements, les fêtes, tout ce qui nous rassemblait et nous rapprochait a été interdit ou du moins fortement limité. Tout ce qui est culturel a été largement supprimé ou limité. La vie sociale s’est considérablement réduite en 2020.
 

Garder le moral ? Un défi … normal                   

En nous renforçant à tous niveaux, physique, mental et social, nous entretenons notre immunité.

Notre corps développe spontanément des défenses contre les infections multiples provenant des virus, bactéries ou des parasites. Pour renforcer notre immunité générale, une bonne alimentation est indispensable. Face aux infections respiratoires, l’OMS prône également des apports en vitamine D et en zinc9. Bouger est vital (que ce soit par le sport ou toute autre activité physique). Dormir suffisamment l’est tout autant.

Garder « le moral » dans ces temps difficiles et incertains est un défi. Il n’existe pas de baguette magique pour lutter contre le stress ou l’anxiété, qui est une réaction normale face à une situation inédite, imprévisible et en partie incontrôlable. A chacun de trouver ce qui, en ce moment, dans les limitations actuelles, peut lui faire du bien, le ressourcer. La « distraction », le « loisir », permettent de relâcher la tension.

Le défi est de pouvoir traverser les émotions négatives (peur, colère, tristesse) : les laisser venir, les accepter et les laisser passer, sans les entretenir. Choisissons au contraire d’entretenir des pensées positives, de nous axer sur des projets simples, positifs et réalistes.  Tentons de nouvelles choses, modifions ce qui n’est plus réalisable en des activités autorisées et qui font se sentir bien moralement : se balader en forêt en famille et (re)découvrir sa région, s’inscrire dans des actions positives pour la planète ou pour les gens dans le besoin, organiser un repas de famille par skype…). Et surtout : n’hésitons pas à demander de l’aide si nous sentons que nous atteignons nos limites.

Avoir des contacts sociaux positifs constitue une sorte de bouclier par rapport aux sources ou aux conséquences du stress. Entretenons-les. La « distanciation sociale » ne doit surtout pas devenir synonyme d’isolement social. La culture, la créativité, pratiquer un art ou l’admirer (écouter de la musique, lire, accéder à une exposition virtuelle, profiter de la réouverture des musées…) augmentent également la sensation de bien-être.
 

Au niveau de l’entreprise, comment veiller à la santé des collaborateurs ?

La crise ne touche évidemment pas que les individus mais les entreprises également. L’impact peut être lié au contenu du métier (personnel soignant, techniciens de surface dans les milieux à risques, personnel de laboratoire, …). On constate d’ailleurs que les troubles anxieux et dépressifs ont augmenté entre juin et septembre parmi les personnes qui travaillent dans le secteur de la santé alors que les chiffres sont restés stables parmi les autres travailleurs10. Plus graves encore sont la fermeture de certains secteurs, le chômage économique et les répercussions économiques mettant en péril la survie d’entreprises, de commerces et d’indépendants.

Pour toutes les entreprises encore en activité, leur rôle est devenu encore plus important au niveau de la santé des travailleurs. Tout d’abord en mettant en place les mesures de sécurité sanitaires et en les faisant respecter, mais également au niveau du bien-être des travailleurs. Le lieu de travail (pour ceux qui en ont encore un) est devenu parfois le seul endroit où l’on croise des personnes que l’on connaît, avec qui on peut échanger. Le besoin de soutien social des collègues, du manager, de l’organisation, est grand. Les moments d’échanges sont à préserver et à encourager, même à distance, pour permettre aux travailleurs d’être « ensemble », de s’entraider et de réfléchir à des solutions aux défis rencontrés. Maintenir une cohésion, une solidarité, est plus que nécessaire en ces moments de crise. Et le rôle du manager à ce niveau est primordial.

Le besoin de reconnaissance devient encore plus important qu’en temps normal, car travailler dans un tel contexte nécessite plus d’efforts qu’auparavant. Sans reconnaissance et encouragements exprimés clairement, la démotivation guette les travailleurs. Les managers peuvent également renforcer la motivation en favorisant par exemple le développement de compétences spécifiques liées au changement, en donnant des objectifs clairs et atteignables, ce qui développe le sentiment d’efficacité et d’accomplissement. Veiller à une charge de travail équilibrée et miser sur la participation des collaborateurs et à leurs prises d’initiatives sont d’autres axes de prévention à encourager particulièrement en ce moment.

Notre santé est impactée à tous les niveaux par cette crise dont on ne voit pas encore l’issue. Nous avons à titre personnel la capacité de faire face. Les organisations, les managers, peuvent eux aussi jouer un rôle important pour aider les travailleurs à traverser cette crise. Nous n’avons décrit dans cet article que des situations générales. Cohezio peut vous aider à mettre en place des mesures spécifiques de prévention, pour soutenir les managers et les collaborateurs dans leurs efforts.

Catherine JADOUL,
Psychologue et Manager du département psychosocial de Cohezio

en collaboration avec Hélène VANDROMME,
Conseiller en prévention aspects psychosociaux

 

Définition de la santé de Organisation Mondiale de la Santé : La santé est « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ».
https://www.belgiqueenbonnesante.be/fr/etat-de-sante/13-mortality-and-ca...
Coin presse du 22/07/2020: analyse du COVID-19/75% des personnes positives au SARS-COV-2 étaient asymptomatiques au moment du test cf https://covid-19.sciensano.be
4 https://www.belgiqueenbonnesante.be/fr/etat-de-sante/13-mortality-and-ca...
5 4ème enquête santé Covid-19 cf www.sciensano.be – octobre 2020
6 https://www.euro.who.int/fr/health-topics/health-emergencies/coronavirus...
7 Article « Stress, immunité et physiologie du système nerveux » de Claude Jacque, Jean-Michel Thurin sur le site http://www.medecinesciences.org
8 4ème enquête santé Covid-19 cf www.sciensano.be – octobre 2020
9 cf OMS  https://www.who.int/elena/titles/commentary/vitamind_pneumonia_children/fr/
10 4ème enquête santé Covid-19 cf www.sciensano.be - octobre 2020