Fatigue numérique : Comment faire face à la surcharge numérique au travail ?

Dans notre environnement de travail moderne, l’intégration omniprésente des technologies de l’information et de la communication (TIC) a transformé les environnements de travail. Aujourd’hui, les écrans sont devenus incontournables.

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Du personnel infirmier qui met à jour les dossiers des patients sur tablette, aux enseignants qui donnent cours en mode hybride, en passant par les collaborateurs de dépôt qui scannent les bons de commande : les outils numériques sont nos compagnons de tous les instants.

Si ces outils ont amélioré l’efficacité et la connectivité, leur utilisation excessive ou inappropriée peut engendrer des effets néfastes sur la santé des employés, tels que la fatigue informationnelle, la fatigue visuelle numérique et le technostress. Ces phénomènes, souvent interconnectés, constituent des défis majeurs pour les entreprises soucieuses du bien-être de leurs collaborateurs.

Une récente étude montre que 60 % des travailleurs belges souffrent régulièrement de symptômes tels que les problèmes de concentration, la fatigue oculaire et le stress en raison de l’utilisation excessive des écrans.

Chez Cohezio, nous constatons que ce problème se manifeste différemment dans chaque secteur d’activité, mais qu’il est tout aussi tangible partout.

Les chiffres suivants témoignent d’ailleurs de l’exposition importante des travailleurs belges à des temps d’écran important et donc à une surcharge d’informations numériques.

Les 3 visages de la fatigue numérique

1. La fatigue informationnelle

Également appelée infobésité, elle désigne l’état d’épuisement mental provoqué par une surcharge d’informations à traiter. Ce phénomène est exacerbé par la multiplication des outils numériques tels que les messageries instantanées, les courriels et les plateformes de collaboration. Les salariés se retrouvent submergés par une masse d’informations provenant de multiples sources, ce qui peut entraîner une diminution de la concentration, de l’irritabilité et des troubles de la mémoire.

 

La FOMO (Fear Of Missing Out), ou « peur de manquer quelque chose », joue également un rôle. Ceci est un sentiment d’anxiété sociale qui découle de la perception que d’autres vivent une expérience enrichissante ou gratifiante à laquelle on ne participe pas. Ce phénomène est souvent amplifié par l’utilisation des réseaux sociaux et peut contribuer à la surcharge mentale et émotionnelle dans le cadre du travail numérique.

 

Comment détecter les signaux de la fatigue informationnelle ?
Les premiers signes peuvent être subtils mais sont révélateurs d’un déséquilibre. On observe par exemple :

– une sensation de saturation mentale en fin de journée,

– une difficulté croissante à hiérarchiser ou filtrer les informations,

– un sentiment d’urgence permanent,

– une baisse de la motivation,

– des oublis fréquents ou une désorganisation,

– une tendance à procrastiner ou à perdre du temps sur des tâches non prioritaires.

 

Ces signaux, s’ils sont ignorés, peuvent évoluer vers une perte de repères cognitifs plus sérieuse et impacter durablement les capacités de concentration et de discernement

2. Le Technostress

Ce terme désigne le stress induit par une utilisation excessive ou inadéquate des technologies de l’information.

Comment détecter les signaux du Technostress ?

Il peut se manifester par une anxiété liée à l’utilisation des TIC, une surcharge cognitive ou un sentiment d’incompétence face aux nouvelles technologies.

 

Une bonne gestion de la charge cognitive est essentielle pour réduire l’impact de la surcharge d’informations. “Mettre son cerveau en pause” reste une technique efficace pour réduire la fatigue mentale et booster l’énergie. Cette pause peut être physique, en s’éloignant des écrans, ou mentale, en pratiquant des exercices de relaxation.

3. La fatigue visuelle numérique

La fatigue visuelle numérique est liée à l’exposition prolongée à l’éclairage artificiel, particulièrement dans les environnements de travail à forte intensité lumineuse. Il est conseillé d’adopter des pratiques telles que la règle 20-20-20, recommandée par les experts, qui consiste à regarder quelque chose à 20 pieds (environ 6 mètres) pendant 20 secondes toutes les 20 minutes. Il est donc conseillé de vous lever tous les 20 minutes et de bouger pour éviter la fatigue oculaire.

 

Comment détecter les signaux de la fatigue visuelle numérique :
Elle se caractérise par des symptômes tels que :

– la sécheresse oculaire

– la vision trouble

– les maux de tête

– les douleurs autour des yeux.

 

Ces manifestations sont fréquemment observées chez les travailleurs de bureau qui passent de longues heures devant des écrans.

 

Les impacts multiples de la fatigue numérique

À l’heure actuelle, la combinaison de différents facteurs rend ce problème plus aigu que jamais. Alors qu’auparavant, nous avions l’habitude de travailler principalement sur un seul ordinateur, nous utilisons aujourd’hui en moyenne quatre outils numériques différents par jour de travail. La frontière entre travail et vie privée est devenue floue, 75 % des travailleurs continuant à consulter leur messagerie professionnelle en dehors des heures de bureau. De plus, la lumière de nos écrans dans les 2 heures avant de dormir perturbe notre horloge biologique, ce qui entraîne des problèmes de sommeil.

 

De plus, l’exposition chronique à ces facteurs peut entraîner des troubles musculosquelettiques, une augmentation des risques psychosociaux, une diminution de la satisfaction au travail et un engagement réduit envers l’organisation.

 

Enfin, le stress chronique peut conduire à des états d’épuisement professionnel, affectant ainsi la performance globale de l’entreprise. Il est également important de souligner que le stress lié à la surcharge d’informations peut réduire la qualité de la prise de décision et de l’interaction sociale au sein des équipes, impactant directement la productivité.

Rôle des employeurs dans la prévention

Les employeurs ont un rôle crucial à jouer dans la prévention de ces affections. Voici quelques mesures recommandées :

  • Aménager les postes de travail : Investir dans des postes de travail réglables que l’on peut adapter en fonction de ses besoins individuels. Assurer une ergonomie adéquate en ajustant la hauteur des écrans, en fournissant des sièges confortables et en garantissant un éclairage approprié pour réduire la fatigue visuelle. Même des interventions simples, telles que l’introduction de plantes dans les bureaux, peuvent être bénéfiques et réduire le stress de 15 %.
  • Encourager des pauses régulières : Permettre aux employés de se détacher des écrans et de réduire leur fatigue oculaire.
  • Promouvoir des solutions technologiques telles que l’utilisation du mode nuit (une lumière jaune au lieu de la lumière bleue après 19 à 20 heures) et de logiciels qui regroupent les notifications au lieu d’interrompre sans cesse l’utilisateur.
  • Former à une utilisation efficace des TIC : Offrir des formations sur la gestion efficace des outils numériques pour réduire le technostress et améliorer la productivité.
  • Clarifier les attentes : Établir des directives claires concernant l’utilisation des technologies pour éviter la surcharge d’informations et le stress associé. Cela inclut la mise en place d’accords clairs en termes de joignabilité, de plages horaires sans technologie ou de pratiques de déconnexion pour préserver l’équilibre.
  • Promouvoir la santé mentale : Mettre en place des programmes de soutien pour la santé mentale afin d’aider les employés à gérer le stress numérique. Encourager des pratiques comme la méditation, la gestion du temps et les exercices de relaxation peut contribuer à renforcer cette approche.
  • Un bon knowledge management (gestion des connaissances) est essentiel pour éviter l’infobésité. Essayez en tant qu’employeur d’uniquement communiquer les choses pertinentes et cela de façon claire . Evitez de communiquer des choses superflues, sinon les travailleurs deviennent incertains et peuvent développer le FOMO.

Conseils pratiques pour les travailleurs

En tant que travailleur, on peut également faire plusieurs choses pour lutter contre la fatigue numérique.

 

« 7 conseils rapides pour lutter contre la fatigue numérique »

 

  • Veillez à ce que votre espace de travail soit bien éclairé pendant la journée, à la maison comme au travail. Travailler sur un écran trop lumineux dans une pièce sombre représente en effet une source de fatigue supplémentaire pour les yeux.
  • En journée, pratiquez régulièrement des exercices pour les yeux, comme cligner sciemment des yeux et regarder au loin comme le veut la règle 20-20-20 (regarder un objet à 20 mètres de distance pendant 20 secondes toutes les 20 minutes) . Ceci peut permettre de soulager l’inconfort oculaire.
  • Pratiquez la respiration abdominale au quotidien. La respiration abdominale stimule le système nerveux relaxant (parasympathique) et peut mettre au repos les zones cérébrales et les yeux fatigués, bénéfique au sommeil.
  • Dans les 2 heures qui précèdent le coucher, utilisez toujours le mode nuit (lumière jaune) pour ne pas perturber votre horloge biologique et votre sommeil. Ne travaillez jamais sur un écran d’ordinateur dans les deux heures qui précèdent votre coucher.
  • Veillez à un bon positionnement de votre écran :
    • Pas trop haut car cela aurait pour effet d’interrompre le réflexe de clignement des yeux, le liquide lacrymal se répartissant alors moins bien.
    • La direction du regard à un angle d’environ 10 à 15 degrés vers le bas, ce qui signifie que le haut de l’écran doit se trouver à peu près au niveau des yeux.
    • Respecter le bon ordre dans l’ergonomie de l’écran : réglez d’abord la hauteur de l’assise (de manière à avoir les cuisses à l’horizontale ou légèrement inclinées vers le bas), puis réglez si possible la hauteur du bureau (en ayant les coudes à la hauteur du bureau), et enfin réglez votre écran à la bonne hauteur.
    • Pour les personnes qui portent des lunettes à verres dégressifs et qui regardent par la zone inférieure des verres : réglez le haut de l’écran encore plus bas, par exemple à hauteur du menton, pour éviter de devoir compenser en penchant la tête en arrière.
  • Bougez régulièrement, de préférence toutes les 20 minutes. Si vous ne pouvez pas quitter votre poste de travail, appliquez la règle des 20-20-20. Eviter de rester assis trop longtemps en faisant de courtes pauses actives : aller chercher un verre d’eau ou un café, téléphoner à son collègue tout en restant debout ou le rejoindre pour discuter du travail. Cela stimule des zones différentes du cerveau et permet à d’autres parties de se reposer. Vous lever le plus possible / réduire votre sédentarité vous permet de diminuer, en plus de la fatigue oculaire et informationnelle, le risque de toute une série de maladies p.ex. maladies cardiovasculaires (hypertension artérielle, cholestérol), diabète, troubles musculosquelettiques, et même certains cancers.
  • Accordez-vous des petits moments hors ligne et déconnectez-vous: Promenez-vous sur le temps de midi sans votre téléphone ou mettez votre appareil en mode ‘concentration’ pendant que vous effectuez des tâches importantes.

Ensemble, œuvrons à la santé numérique

Chez Cohezio, nous pensons que la fatigue numérique constitue une responsabilité partagée entre les employeurs et les travailleurs. En œuvrant ensemble à la sensibilisation et au développement de solutions concrètes, nous pourrons trouver un équilibre sain dans l’utilisation des écrans.

 

Vous voulez savoir comment votre organisation peut agir concrètement dans ce domaine ? Nos experts se tiennent à votre disposition pour élaborer avec vous une approche personnalisée, adaptée aux besoins spécifiques de votre secteur et de votre équipe.

Conclusion

La fatigue informationnelle, la fatigue visuelle numérique et le technostress sont des défis contemporains qui nécessitent une attention particulière de la part des employeurs et des employés.

 

Cette fatigue n’est pas un problème individuel, c’est un défi organisationnel qui nécessite une approche structurelle. Elle se manifeste différemment selon les secteurs mais le fond de la problématique reste le même : notre corps et notre esprit ne sont pas conçus pour être soumis à des stimuli numériques permanents.

 

La solution réside dans une combinaison de technologies intelligentes, d’adaptations ergonomiques et, surtout, de sensibilisation.

 

Les employeurs qui investissent dans des de blocs de concentration, ainsi que dans l’instauration d’une culture numérique saine, constatent non seulement que leurs équipes sont en meilleure santé, mais aussi qu’elles obtiennent de meilleurs résultats.

 

Les travailleurs qui gèrent leur temps d’écran en toute connaissance de cause ont plus d’énergie et de plaisir à travailler.

 

Chez Cohezio, nous pensons que les petits changements cohérents produisent un effet profond. Qu’il s’agisse de la règle des 20-20-20, de plantes dans les bureaux ou d’accords clairs en matière de joignabilité, chaque pas compte. Le plus important, c’est de commencer, d’essayer et, surtout, de persévérer.
Car une chose est sûre : les outils numériques ne disparaîtront pas de notre environnement de travail. Mais s’il y a une chose que nous pouvons changer, c’est la manière dont nous les utilisons. Ensemble, œuvrons à des lieux de travail où la technologie est à notre service – et non l’inverse.

 

Article rédigé en collaboration avec Mathieu Versée, Knowledge Manager & Médecin du travail chez Cohezio