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Certaines personnes boivent beaucoup de café, d’autres n’en boivent jamais. Mais existe-t-il vraiment un danger ? Cet article vise à exposer, de manière concise, les principaux faits scientifiques relatifs au café.



 

 

La caféine (aussi appelée théine) est une molécule organique psychostimulante présente naturellement dans de nombreuses plantes ou préparations à base de plantes telles que le café, le thé, le cacao, le coca, le guarana, le maté, etc. Il existe un large consensus selon lequel une consommation quotidienne supérieure à 500 mg (5-7 tasses de café ou 7-9 tasses de thé) présente un risque significatif pour la santé et qu’une telle consommation peut donc être considérée comme excessive. La consommation régulière de quantités importantes de caféine peut engendrer toute une série de symptômes tels que : agitation, anxiété, irritabilité, excitation, contractions musculaires, insomnies, migraines, augmentation des sécrétions urinaires, troubles des sens (acouphènes), troubles cardiovasculaires (tachycardie, arythmie) et troubles gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhée). Pour ce qui est des effets cancérigènes, il semble avéré qu’une consommation ne dépassant pas les 500 mg de caféine par jour ne présente aucun danger. 

Chez l’adulte, la caféine se consomme principalement sous forme de café et de thé, dont la teneur en caféine est généralement deux fois moins élevée que celle du café. Une tasse de café peut toutefois contenir des quantités de caféine variables en fonction de la nature et de l’origine du café et de son mode de préparation (par ordre croissant de concentration : filtre, percolateur, machine expresso). L’enfant et l’adolescent consomment de la caféine principalement sous forme de boissons rafraîchissantes et de thé. Le chocolat fondant contient également des concentrations importantes de caféine mais ne contribuera jamais, pour une consommation normale, au dépassement des valeurs limites, et ce, contrairement aux boissons énergisantes et aux shots énergisants.

Le tableau suivant reprend les teneurs en caféine de différents produits :

Produit


Moyenne
(en mg)

Min/max (mg)
Café (150 ml = 1 tasse)80 - 10040 - 150
Thé (150 ml = 1 tasse)40 - 5030 - 70
250 ml boisson rafraîchissante (max. 150 mg/l)3020 - 37
250 ml boisson énergisante8060 - 80
1 shot énergisant (50 - 100 ml)8060 - 80
Chocolat (30 g) (en fonction du % de cacao)205 - 35


Sur base des connaissances scientifiques, voici quelques conseils quant à la consommation de caféine :

  1. Valeur limite générale pour l’adulte : 5,7 mg/kg/jour (400 mg/jour pour 70 kg). On ne note aucun effet néfaste si cette dose n’est pas dépassée ; en cas de dépassement, des effets néfastes peuvent survenir. Pour un adulte, cela équivaut à boire au maximum 4-5 tasses de café ou 7-9 tasses de thé par jour.
     
  2. Éviter au maximum de consommer des boissons rafraîchissantes, des boissons énergisantes et des shots énergisants. La consommation de ce type de produits peut facilement induire un dépassement de la valeur limite de caféine. En outre, le sucre qu’ils contiennent comporte un risque en matière de diabète, d’obésité, d’hygiène dentaire, etc.
     
  3. La valeur limite pour les adultes souffrant de troubles de l’anxiété est inférieure : 3 mg/kg/jour (200 mg, 2-3 tasses de café) peuvent déjà provoquer des angoisses.
     
  4. La valeur limite est également inférieure pour les femmes enceintes ou allaitantes et les femmes désirant tomber enceinte à court terme : il ne faut pas dépasser la dose maximale absolue de 300 mg/jour, et de préférence de 200 mg/jour (2 tasses). De récentes études suggèrent même des valeurs limites plus faibles.
     
  5. Chez l’enfant, la valeur limite est également inférieure : elle est de 2,5 mg/kg/jour (max. 1 tasse de café fort). Il est préférable d’éviter la consommation de boissons énergisantes et de shots énergisants. À doses égales, les enfants sont effet plus sensibles à l’anxiété et aux troubles du sommeil que les adultes.
     
  6. Certaines personnes peuvent présenter des difficultés à s’endormir en cas de consommation de caféine juste avant le coucher.
     
  7. Certaines personnes peuvent présenter une hypersensibilité à la caféine. Dans ce cas, une consommation excessive est à éviter. Il faut être particulièrement vigilant en présence des affections suivantes : 
       a. Personnes angoissées, nerveuses (max. 200 mg/jour)
        b. Instabilité vésicale (valeur limite de 200 mg)
        c. Hyperthyroïdie (valeur limite de 100 mg, mais l’abstention totale est préférable)
        d. Cirrhose du foie (valeur limite de 100 mg, mais l’abstention totale est préférable)
        e. Toutes les personnes souffrant des affections que nous venons d’énoncer mais aussi les personnes souffrant d’épilepsie et de troubles du rythme cardiaque demanderont conseil à leur spécialiste.
     
  8. Éviter la combinaison caféine-alcool. La caféine a pour effet de masquer l’état d’ébriété.
     
  9. Vous souhaitez diminuer votre consommation de caféine (café) ? Les symptômes de sevrage (migraine, fatigue, …) sont fréquents durant la première semaine, puis s’estompent en grande partie. Il faut donc persévérer et comme pour tout changement de comportement, il faut choisir le bon moment et s’octroyer des récompenses.
     
  10. Vous cherchez une substance stimulante ? Buvez plutôt de l’eau, en suffisance, surtout lors du repas de midi qui peut donner envie de s’assoupir du fait que la totalité du flux sanguin est employée pour la digestion, et ce, au détriment du cerveau.


Faut-il dès lors bannir la machine à café du réfectoire ?

Non, bien entendu. Outre les effets indésirables qu’elle peut présenter, la caféine peut également avoir des effets positifs comme une augmentation de la concentration et de la vigilance et une diminution du nombre d’erreurs. Boire une tasse de café peut tout simplement faire du bien aux amateurs de café. De même, entre collègues, on se réunit avec plaisir autour d’un bon café pour discuter. Comme pour tout, il importe simplement de ne pas tomber dans l’excès.


Références :

  1. Avis du Conseil Supérieur de la Santé (Belgique) n° 8689 : « Utilisation de la caféine dans les denrées alimentaires » (2012)
  2. Nawrot P, Jordan S, Eastwood J, Rotstein J, Hugenholtz A, Feeley M. Effects of caffeine on human health. Food Addit Contam 2003;20(1):1-30.

Mathieu VERSEE
Conseiller en prévention - médecin du travail,
Conseiller scientifique
Cohezio

 

Source : Actuascan, mars 2015, n°4