500 ou 1000 ?
Publication 23 novembre 2022

500 ou 1000 ?

A quoi vous fait penser ce titre ? Est-ce le nombre de collègues que va accueillir votre nouvel openspace, le nombre de jours ou mois qui reste avant votre pension ou bien l’augmentation de votre salaire à la fin de ce mois ?

Aucune de ces réponses n’est satisfaisante. Le titre fait référence à des notions relatives à l’éclairage dans des locaux administratifs. Il s’agit de valeurs d’éclairement de 500 lux et de 1000 lux.
 

C’est quoi les lux ?

Le lux est l’unité de mesure de l’éclairement lumineux reçu par une surface. Cet éclairement est mesuré au moyen d’un luxmètre (figure 1). Ainsi la mesure de l’éclairement d’une rue lors d’une nuit de pleine lune donnera des valeurs proches de 1 lux alors que la même mesure réalisée de jour avec un soleil éclatant peut dépasser 100.000 lux.

Figure 1 - Luxmètre


L’œil s’adapte ?

L’œil humain est capable de s’adapter à ces importantes variations d’intensité lumineuse grâce notamment à la contraction des muscles de l’iris. Ce mécanisme musculaire permet d’augmenter ou diminuer le diamètre de la pupille, un peu comme le diaphragme d’un appareil photo (figures 2 à 4). Cette adaptation de l’œil est très performante mais de mauvaises conditions lumineuses subies pendant de longues périodes journalières peuvent amener à une difficulté de perception des informations visuelles et provoquer un état de fatigue visuelle voire des maux de tête (céphalées).

Figure 2 - Iris et pupille de l'œil humain

Figure 3 
Eclairage faible : pupille dilatée

Figure 4
Eclairage important : pupille rétrécie


Une norme sur l’éclairage ?

Pour aider à la mise en place d’un éclairage de qualité, la norme NBN EN 12464-1: 2021 – Eclairage des lieux de travail – Partie 1 : Lieux de travail intérieurs (qui remplace l’ancienne NBN 12464-1 : 2011) propose, pour différentes activités et locaux, des valeurs d’éclairement adaptées.

Ces recommandations portent, par exemple, sur l’éclairage des zones de circulation, des vestiaires, des locaux de repos, des locaux administratifs (bureaux)… Cette norme est reprise dans le Code du Bien-être au travail (Livre III, Titre 1er, Chapitre III) concernant les exigences de base relatives à l’éclairage des lieux de travail. Elle sert de référence pour l’analyse des risques que l’employeur doit mettre en place pour éviter les accidents et la fatigue visuelle.
 

L’éclairement des bureaux ?

Ainsi, pour le travail de bureau avec un écran de visualisation, cette norme propose comme valeur de référence un éclairement minimum de 500 lux sur l’ensemble du plan de travail (il s’agit d’un niveau d’éclairement moyen). Mais, par rapport à l’ancienne version de 2011, elle signale que dans certains cas, l’éclairement peut atteindre 750 lux ou même 1000 lux. Il semble que la nouvelle norme se soit basée sur des études qui prennent en considération un groupe de travailleurs plus âgés. L’ancienne norme se référait à un public jeune, moins sensible à un faible éclairement. Or, le besoin d’éclairement pour voir aisément est plus important chez le travailleur âgé. L’opacification progressive du cristallin explique cette perte de sensibilité de 25% entre 20 ans et 60 ans. Un éclairement suffisant et adapté est donc indispensable et particulièrement pour faciliter la lecture des documents et informations sur le plan de travail du bureau après 45 ans (« travailleurs âgés »).
 

500 lux ou 1000 lux ?

Il s’agit d’analyser les situations liées au contexte de travail. Les caractéristiques contraignantes sont les suivantes : productivité importante, concentration accrue, dimensions anormalement faibles du support visuel, tâche de longue durée, manque de lumière naturelle, faibles capacités visuelles de l’utilisateur... L’exposition à une ou deux de ces situations critiques amène à augmenter l’éclairement minimum moyen de la zone de travail à 750 lux voire 1000 lux lorsque plusieurs paramètres sont présents.

Le titre de l’article : 500 ou 1000 fait donc référence à l’adaptation de la nouvelle norme concernant la valeur de 500 lux traditionnellement proposée par les conseillers en prévention pour le travail de bureau. Cette valeur est à moduler en fonction des situations individuelles. On insistera donc sur l’importance de prévoir une possibilité de régler l’intensité lumineuse par la mise en place d’un variateur de l’éclairage (dimer par exemple) ou la mise à disposition éventuelle d’un éclairage individuel complémentaire sur le plan de travail pour les travailleurs plus âgés.
 

D’autres facteurs à prendre en considération ?

Bien sûr, la quantité d’éclairement fourni par l’éclairage naturel ou artificiel n’est qu’un des paramètres à investiguer pour le confort visuel. D’autres facteurs sont à prendre en considération pour répondre aux notions de confort visuel, performance et sécurité liées à l’éclairage. Ce sont par exemple les contrastes, les éblouissements et reflets, la température de couleur, le rendu des couleurs, l’uniformité, la répartition de l’éclairement, les capacités visuelles et l’âge des utilisateurs …
 

Et les ergonomes ?

Nombre d’utilisateurs signalent malgré tout des symptômes de gêne ou fatigue visuelle alors que l’éclairement fourni correspond aux valeurs d’éclairement de la norme. L’analyse de la situation de travail par un conseiller en prévention ergonome, tant dans la conception d’un poste que dans la correction, est indispensable dans de nombreux cas. L’équipe des ergonomes de Cohezio peut vous aider dans ce sens.

 

Jean-Philippe Demaret
Conseiller en prévention ergonome (Eur.Erg. certification européenne)
Licencié en kinésithérapie et en éducation physique
e-mail : jean-philippe.demaret@cohezio.be