La visite de pré-reprise du travail : un droit de chaque travailleur, pour une reprise du travail optimale
Publication 27 septembre 2022

La visite de pré-reprise du travail : un droit de chaque travailleur, pour une reprise du travail optimale

Une reprise du travail plus efficace grâce à la visite de pré-reprise auprès du médecin du travail

Travailleurs et employeurs ignorent souvent que le travailleur a la possibilité de demander une « visite de pré-reprise du travail » durant son incapacité de travail. Cette rencontre entre le travailleur et le médecin du travail peut permettre de faciliter et d’optimiser le processus de reprise du travail. Cette consultation ne peut donner lieu à une quelconque décision concernant l’aptitude du travailleur à reprendre le travail. Il s’agit purement d’un échange lors duquel on examine les conditions dans lesquelles une reprise du travail pourra se dérouler au mieux. Au cours de cette consultation, le médecin du travail pourra fournir des conseils utiles au travailleur. L’article ci-dessous expose les nombreux avantages de cette possibilité qui s’offre au travailleur.
 

De quoi s’agit-il ?

Au bout de 4 semaines ininterrompues d’incapacité de travail et même avant la fin de cette période, l’employeur a l’obligation d’informer les travailleurs absents de leur droit de prendre rendez-vous auprès du médecin du travail pour la visite dite de « pré-reprise du travail ». Il s’agit d’une consultation auprès du médecin du travail qui, comme sa dénomination légale le suggère, a lieu avant la reprise du travail et constitue un droit et non une obligation du travailleur. À la suite de cette visite, le médecin du travail n’est pas autorisé à se prononcer sur l’aptitude du travailleur. Il est donc impossible que cette visite donne lieu à un licenciement pour raisons médicales.
 

Quelle est l’utilité de la visite de pré-reprise ?

L’objectif de cette consultation est d’accélérer la reprise du travail. En principe, le but est de proposer, si possible, des adaptations du travail pouvant favoriser la reprise du travail.

Le principal objectif de cette consultation est souvent d’éviter le fade-out, ce processus lors duquel un travailleur malade se distancie de plus en plus de son travail, et où la cohésion entre le travailleur et l’employeur s’estompe, entraînant un allongement inutile de la période de maladie. L’employeur et les collègues de la personne perdent souvent un précieux collègue et une aide bien utile. Le stress augmente au sein du service. Le travailleur perd confiance en lui, développe des schémas de pensée négatifs et ne se rétablit pas comme il se doit. Plus vite cette consultation est demandée, plus vite le travailleur pourra reprendre le travail.
 

Ce n’est pas …

  • Il ne s’agit pas d’un examen de contrôle ! Le médecin du travail n’est pas autorisé à vérifier si l’absence pour maladie est fondée ! Si jamais le médecin du travail « découvre » ou est d’avis que l’absence n’est pas (ou plus) justifiée, il est tenu de respecter scrupuleusement le secret médical.
  • Il ne s’agit pas non plus d’un examen de reprise du travail.
  • Enfin, il ne s’agit pas non plus d’un examen de réintégration.
     

Que peut apporter une visite de pré-reprise du travail ?

Dans certains cas, le médecin du travail ne pourra pas se prononcer sur de possibles adaptations du travail, notamment parce que le travailleur n’est pas encore prêt pour une reprise du travail adaptée. Le but premier de cette visite est d’éviter le fade-out. Quelles sont les attentes et sont-elles réalistes ? Que pense le travailleur d’une éventuelle reprise du travail ? Y a-t-il, selon le travailleur, des obstacles à la reprise du travail ? Ces obstacles sont-ils justifiés ? Peut-on modifier la perception du travailleur ? Peut-on améliorer la conception qu’a le travailleur de sa maladie ? Un autre objectif de cette visite est d’informer et de conseiller le travailleur sur ses affections et sur sa reprise du travail. Voici ce qu’il est par exemple possible de mettre en place :

  • une revalidation du dos peut être proposée au travailleur avec une possible intervention de Fedris (l’ancien Fonds des maladies professionnelles)
  • en cas de problèmes de dos, on peut conseiller l’utilisation d’un bureau assis-debout
  • le travailleur peut recevoir des conseils sur :
    • comment mieux faire face à une dépression, un burnout
    • comment se comporter avec un collègue difficile
    • comment gérer le stress lié au travail
    • comment gérer le perfectionnisme
    • comment faire face à la douleur (pensées parfois trop négatives), aux sentiments de culpabilité, aux angoisses, à une faible confiance en soi, aux fausses attentes par rapport au travail adapté…
    • amélioration de la connaissance de soi et de sa maladie
    • amélioration de la compréhension que l’on a des autres (du supérieur hiérarchique par exemple)
  • une reprise progressive du travail peut être recommandée
     

Quels sont les avantages ?

  • Même si vous ne recevez pas de formulaire d’évaluation de santé, vous pouvez être certain de l’utilité de cette consultation !
  • Le travailleur apprend à mieux se connaître, à mieux comprendre sa maladie et son travail.
  • Cela permet d’éviter le fade-out chez le travailleur.
  • Le travailleur peut reprendre le travail plus rapidement (diminution de l’absentéisme).
  • Le secret médical est préservé.
  • Cette visite ne donne pas lieu à un licenciement pour raisons médicales.
  • Cette visite ne donne pas lieu à l’obligation d’établir un plan de réintégration. Un trajet de réintégration n’est pas exclu pour autant, et peut être demandé à tout moment par les parties ayants droit (employeur : seulement à partir de 4 mois d’incapacité de travail ininterrompue).
     

Remarques

La visite de pré-reprise du travail est toujours demandée par le travailleur ou – moyennant l’accord de ce dernier – par le médecin traitant, le médecin-conseil ou le coordinateur « retour au travail » des mutualités. La législation stipule que la visite de pré-reprise du travail ne peut être demandée par l’employeur. L’initiative (la demande) revient toujours au travailleur car, d’un point de vue légal, il faut éviter toute forme de médecine de contrôle effectuée par le médecin du travail.
 

Des questions ?

Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à contacter notre secrétariat à l’adresse fos@cohezio.be.

Dr Mathieu Versée,
Directeur de la cellule scientifique
Conseiller en prévention-médecin du travail