Les équipements sanitaires idéaux 2.0
Publication 24 juin 2022

Les équipements sanitaires idéaux 2.0

Depuis le 11 mai 2022, le guide générique n’est (provisoirement) plus applicable. Malheureusement, il est toutefois préférable d’être préparé à l’émergence de nouveaux variants ou à une éventuelle nouvelle pandémie. La mondialisation, le changement climatique, la surpopulation et la déforestation engendrent en effet l’apparition de nouveaux variants de virus qui peuvent également infecter l’homme. Nous en connaissons deux exemples récents : la variole du singe et le covid.

Dans le cadre du bien-être au travail, de l’attention portée aux travailleurs vulnérables et de la continuité opérationnelle, il est recommandé de prévenir également l’apparition d’autres infections sur le lieu de travail. Personne ne souhaite en effet vivre des épidémies ni connaître un absentéisme plus important en raison d’infections gastro-intestinales, de la grippe, de variants covid ou d’autres infections. Nous avons donc élaboré les présentes recommandations et conseillons vivement à chaque employeur de les intégrer dans le plan global de prévention. Les travailleurs, les personnes allergiques par exemple, pourront décider de la manière dont ils souhaitent faire usage de ces mesures d’hygiène mises à disposition.


Le principe de base

Le principe de base est le suivant : après le lavage des mains, il convient de veiller à ne pas recontaminer ses mains en touchant des surfaces souillées (poignées de porte, robinets, distributeurs...). Il convient donc d’accorder une attention majeure à la mise à disposition de distributeurs de serviettes en papier répondant à des critères d’hygiène stricts, et à une infrastructure dotée de portes de sortie faciles à ouvrir. La poubelle devra être placée de manière stratégique, le plus près possible de la sortie. Il faut veiller à avoir une ventilation suffisante. Les robinets seront de préférence automatiques. Il est également préférable d’avoir des distributeurs de savon automatiques, même si la saleté sera généralement éliminée lors du lavage des mains. Les distributeurs de gel hydroalcoolique, disponibles par exemple au réfectoire, seront de préférence automatiques. Il convient bien entendu également de tenir compte de certaines considérations écologiques (consommation d’eau, d’énergie et de papier).

Dès lors, la situation idéale est la suivante :

  • Distributeurs de papier : utilisation
    • De préférence : un distributeur contenant des serviettes en papier à usage unique.
    • Alternative : un distributeur de serviettes en coton en rouleau à usage unique.
    • Dans les deux cas, il ne peut y avoir aucun contact avec une serviette usagée ni avec le distributeur de papier en tant que tel, par exemple via une molette, et ce, afin d’éviter toute contamination.

Distributeurs de papier

Modèle à molette : PAS approprié

Modèle à levier : PAS approprié

Modèle approprié.Modèle approprié.Modèle approprié.
  • Les lavabos seront de préférence équipés de distributeurs de savon automatiques (sans contact) et de robinets automatiques. On peut éventuellement fermer le robinet à l’aide d’une serviette en papier, mais ce geste entraîne un contact supplémentaire et donc un risque de contamination. Les robinets à arrêt automatique sont également recommandés dans le cadre de la gestion de la consommation d’eau. L’eau est en effet un bien très précieux et devient le nouvel or.

Le meilleur type de robinet par ordre de préférence

Robinet automatique

Robinet à commande au coude

 

Robinet à bouton-poussoir

Les robinets à tourner sont les moins recommandés, car un contact intense est nécessaire pour les fermer.

Un distributeur automatique de savon est certainement le bienvenu, mais ne constitue pas la priorité absolue. On peut en effet supposer que les éventuels germes seront éliminés en se lavant les mains.

  • Pour sortir, les portes des sanitaires doivent pouvoir s’ouvrir sans qu’il y ait de contact avec la poignée. Mieux vaut donc éviter de placer une poignée sur la face intérieure de la porte commune du bloc sanitaire. La porte pourra alors être poussée à l’aide du coude par exemple. L’installation d’une porte automatique est une solution encore meilleure. Il est parfois préférable de prévoir un oculus sur cette porte afin d’éviter les collisions et les accidents. S’il est impossible d’installer une porte sans poignée, il convient de placer la poubelle pour serviettes usagées à proximité de la sortie commune afin de pouvoir ouvrir la poignée de la porte à l’aide d’une serviette en papier avant de la jeter dans la poubelle en quittant le bloc sanitaire. Il s’agit de directives internationales que l’on retrouve systématiquement sur les affiches de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), et de Cohezio, bien entendu. S’ils ne sont pas automatiques, les robinets devront eux aussi être fermés en utilisant une serviette. La porte commune du bloc sanitaire peut aussi simplement être laissée ouverte ou il peut ne pas y en avoir du tout, pour autant que cela soit possible au regard du respect de l’intimité, des nuisances sonores et des odeurs éventuelles.

Portes sans poignéePorte à ouverture automatique
  • Les blocs sanitaires doivent être suffisamment ventilés. Il est préférable d’appliquer les normes légales du Code du bien-être au travail en ce qui concerne les lieux de travail : 900 ppm pendant au moins 95% du temps de travail.
     
  • Lors du lavage des mains, il est essentiel d’utiliser de l’eau et du savon. En réalité, il n’est pas toujours nécessaire de se sécher les mains. En outre, il convient d’éviter le gaspillage de papier pour des raisons écologiques. Les mains sécheront d’elles-mêmes. Durant le temps de séchage (max. 30-60 sec.), il est essentiel de ne toucher aucune surface avec les mains humides, car l’humidité favorise la fixation des virus et des bactéries sur les mains.
     
  • En dehors des situations de pandémie, les sèche-mains électriques ne sont pas interdits, mais malgré tout déconseillés, car ils peuvent diffuser dans l’air des aérosols (responsables du covid, de la grippe, d’autres virus tels que les virus de la gastro-entérite, la variole du singe...). Les utilisateurs se contaminent souvent mutuellement en touchant l’appareil ou en mettant les mains dans les ouvertures prévues à cet effet. Lorsque le guide générique s’applique durant les phases de pandémie (par exemple en raison de nouveaux variants), les sèche-mains électriques sont donc toujours contre-indiqués. Dès lors, leur acquisition et leur utilisation permanente ne constituent pas un choix stratégique, y compris dans le cadre de la consommation d’énergie. Les sèche-mains électriques sont absolument contre-indiqués dans le secteur des soins de santé et dans les cuisines, ce qui était déjà le cas avant la pandémie de Covid.
     
  • Pour des raisons écologiques, essayez de limiter l’utilisation de serviettes en papier. Vous pouvez éventuellement afficher ce message, mais gardez à l’esprit que les pandémies peuvent venir contrarier ce principe d’écologie.
     
  • Peut-on se contenter de prévoir simplement des essuie-mains ? La législation stipule ce qui suit : Art. III.1-54.- « L’employeur met … à disposition suffisamment d’essuie-mains dont il assure l’entretien et le remplacement en temps utile. Il peut mettre à la disposition tout autre moyen qui est destiné à sécher les mains ». Les essuie-mains seraient donc autorisés, mais à l’époque moderne, ils sont à usage unique. Les essuie-mains ne sont donc pas appropriés aux environnements de travail car leur utilisation entraînerait une consommation excessive de produits de lessive et d’eau, ainsi qu’un risque accru de transmission de maladies infectieuses.
     
  • En cas d’activités fortement salissantes (garages, secteur de la métallurgie...), l’eau et le savon ne suffisent pas à tout éliminer. Dans ce cas, il sera toujours recommandé d’utiliser des serviettes en papier afin d’éliminer la saleté (graisse) supplémentaire. D’ailleurs, on prévoit aussi souvent des chiffons individuels pour absorber la graisse.
     
  • Qu’en est-il du gel hydroalcoolique ? Le lavage des mains à l’eau doit toujours être privilégié. Dans les blocs sanitaires, il est obligatoire de disposer de lavabos équipés d’eau courante. En l’absence de risques (par exemple travail sur écran en dehors de la phase de pandémie), ces dispositions suffisent. En cas de chaleur excessive, d’activités très salissantes et de risque d’intoxication (agents chimiques dangereux), des lavabos supplémentaires pourvus d’eau courante peuvent être si nécessaire installés à d’autres endroits. Le gel hydroalcoolique est moins recommandé dans ces situations. Durant les phases pandémiques, il y a bien entendu un risque accru de contamination. Le guide générique entre en vigueur et les gels hydroalcooliques sont alors recommandés aux endroits où il est impossible de se laver les mains et où il y a des surfaces à contact élevé comme les écrans tactiles. L’utilisation de gel hydroalcoolique permet généralement d’éliminer rapidement une partie des virus ou des bactéries, sauf si les mains sont trop sales. Il faut prévoir des distributeurs de gel hydroalcoolique tant que possible automatiques et sans contact car les distributeurs de gel hydroalcoolique à commande manuelle deviennent eux-mêmes une source de contamination ! Le risque de ne pas désinfecter la zone des mains contaminée est en effet bien réel !
     
  • L’objectif doit toujours être de se laver les mains avant de manger. Toutefois, il est préférable de prévoir également du gel hydroalcoolique dans les réfectoires en raison de la présence de surfaces à contact élevé (écrans tactiles des machines à café, couverts, mobilier...).
     
  • Il convient aussi de suivre les recommandations suivantes :
    • Sensibilisez les travailleurs à utiliser au maximum leurs propres équipements de travail (claviers, etc.).
    • Veillez à un nettoyage correct et régulier des poignées de porte, des rampes, des boutons d’ascenseur, des interrupteurs, des poignées d’armoire et de tiroir, des robinets des lavabos, des tourniquets et des portillons...
    • Assurez-vous que les travailleurs chargés du nettoyage disposent des équipements de protection et des produits d’entretien adéquats.


Dr Mathieu Versée,
Médecin du travail et directeur scientifique

 

Sources : Code du bien-être au travail, Guide générique, OMS et diverses publications scientifiques.